Rencontre Cougar

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"Belle, en talons, préfère la vodka" : pourquoi les Italiens cherchent des épouses parmi les Ukrainiennes

À la demande de la rédaction, Yulia Medvedeva est partie à la recherche d'un mari italien. Elle a participé à un rendez-vous organisé par une agence matrimoniale et a découvert pourquoi les Ukrainiens attirent les Italiens, combien les étrangers sont prêts à payer pour trouver une épouse et qui a le plus souvent recours à qui.


- Avez-vous un rêve dans votre vie ? Que voulez-vous de votre homme ?
- Dormir sur son épaule ? - J'ai essayé de faire une blague.
- Oh, cool, allez-y, écrivez - Roksolana, la propriétaire d'une agence matrimoniale à Milan, spécialisée dans la recherche d'épouses ukrainiennes pour des prétendants italiens, me transmet le questionnaire. - C'est juste pour moi, je dois te dire quel genre de personne tu es, quand un homme s'intéresse à toi.

Une semaine plus tard, j'avais déjà un profil sur le site de son agence. De là, j'ai appris que je suis très sociable et ouverte, passionnée et douce, souriante et - bien sûr - rêvant de m'endormir sur l'épaule de l'homme que j'aime. Mais surtout, je me ressemblais dans mes propres photos : Roksolana m'a demandé de ne pas envoyer de photos déjà publiées sur les réseaux sociaux ou sur d'autres sites web, et j'ai donc dû choisir parmi celles qui n'étaient pas très bonnes. Si vous enfreignez cette règle, un homme peut trouver la photo d'une fille sur le site de réseau social et entrer en contact avec elle sans intermédiaire.

Seuls les hommes paient de l'argent : 700 euros pour une mariée, le prix d'un ensemble de chambre à coucher chez IKEA. Une mariée est considérée comme trouvée si, après une heure passée ensemble en présence de la Roksolana, le couple souhaite continuer à se fréquenter. "Et qu'ils se marient ou non, cela les regarde", explique le propriétaire de l'agence.

En plus des services d'un intermédiaire, l'homme paie les dépenses de la jeune fille : vols, visa, hébergement. "Si la fille arrive et que le temps change et qu'elle a besoin d'une veste, bien sûr ils vont lui acheter une veste. Autre chose, l'un l'achètera pour 30 euros et l'autre pour 100. 

Je remarque que dans l'industrie du mariage, on utilise abondamment les diminutifs - "vestes", "filles" - et on aime souligner la féminité : accessoires, manucures, maquillage léger. Elle aurait été impossible à distinguer d'une Européenne si ce n'était pour ces détails : ses vêtements sont simples mais bien choisis, et elle a des cheveux blonds dans une coiffure simple, qui ne la trahit qu'avec un accent.

 

Cherche Femme Ukrainienne en Italie



Sur une requête "trovare moglie" ("trouver une femme"), les agences matrimoniales spécialisées dans les filles des pays post-soviétiques arrivent en tête de plusieurs pages de résultats. Il existe des centaines de profils féminins, et la plupart des épouses ont moins de 25 ans.


Il semble étrange que quelqu'un soit prêt à payer une somme importante pour avoir la possibilité de fonder une famille avec une fille d'un autre pays - avec une mentalité et des traditions familiales différentes, même si elle ne les connaît pas. Mais en Italie, il existe un culte de la moglie russa (la plupart d'entre eux ne font pas de distinction entre les filles russes et ukrainiennes - elles sont toutes deux toujours bien soignées, souriantes et cuisinent un excellent bortsch).

WikiHow en italien propose des articles sur "Comment trouver et gagner une femme russe ou ukrainienne". "Ce qui les distingue : grande, s'habiller joliment, porter des talons hauts, préférer la vodka ; comment attirer l'attention : faire attention à ses vêtements, prendre une douche, plaisanter, montrer du respect à son pays, s'habituer à manger du pain noir" - et ce genre de bêtises a 50 mille vues.

En mars, un scandale a éclaté en Italie à propos d'un talk-show du samedi soir sur la chaîne centrale RAI, dans lequel les invités discutaient des avantages des femmes d'Europe de l'Est par rapport aux Italiennes. La liste en six points comprenait : un corps superbe, même après un accouchement ; être toujours sexy et ne pas porter de pyjama ; pardonner la tricherie ; laisser un homme vous donner des ordres ; être une excellente hôtesse ; ne pas se plaindre ni se mettre en colère.

Roxolana explique que ce n'est pas la seule chose qui alimente l'intérêt des Italiens. Selon elle, une femme italienne typique n'épousera jamais un homme qui est considérablement plus âgé qu'elle ; dans le même temps, les hommes italiens sont rarement prêts à fonder une famille avant l'âge de 40 ans. Il s'avère qu'un homme italien mûr pour une relation sérieuse ne peut compter que sur un mariage avec une femme du même âge ou plus âgée que lui. Et ils veulent avoir une belle mariée qui a 10 ans de moins qu'eux. En règle générale, les filles d'Ukraine et de Russie ne sont pas troublées par une telle différence d'âge.

Pour obtenir une épouse ukrainienne, les Italiens sont même prêts à fonder une famille avec une fille qui ne connaît pas leur langue. Lorsque Iryna et Luca, qui se sont rencontrés par l'intermédiaire de l'agence, ont commencé à vivre ensemble il y a un an, Ira ne parlait qu'ukrainien et ne comprenait pas un mot de ce que son élu tentait d'expliquer. "Maintenant, je vais à des cours d'italien et j'ai enfin commencé à comprendre un peu ce que Luka me dit", dit-elle. Lorsqu'on lui demande comment ils ont communiqué pendant tout ce temps, la jeune fille répond sans hésiter : "Avec des regards !"

L'union ne réussit pas à tout le monde : cinq clients sont revenus à Roksolana parce que la relation avec la première fille choisie n'a pas fonctionné. Certains sont revenus après une deuxième tentative, mais en fin de compte, ils sont restés seuls. Ils n'ont pas pu, comme ils l'expliquent eux-mêmes, surmonter la différence de mentalités, et la méconnaissance de l'italien par les filles s'est transformée en un lourd fardeau de silence.

Recherche
Le site web de l'agence ne présente que des profils et des photos de filles, soit environ deux cents, ce qui est peu par rapport aux normes de la concurrence. Mais Roksolana est fière du fait qu'elle connaît personnellement chaque fille et qu'elle a confiance en son sérieux et sa décence.

Un homme choisit plusieurs candidates auxquelles Roksolana envoie sa photo et sa description : nom, âge, taille, corpulence, état civil (célibataire/divorcée, enfants), caractère, loisirs et vision d'une partenaire idéale.


Mon profil n'a pas attiré beaucoup de personnes désireuses de me connaître : il y a des filles plus jeunes et plus jolies que moi sur le site de l'agence. Mais un candidat s'est présenté. Mon "élu" de 45 ans avait 7 ans de plus que moi, ce qui, selon les normes de l'agence, n'est pas du tout considéré comme une différence d'âge. Il correspondait parfaitement au profil du client type : deux fois divorcé, deux enfants, un fils de 18 ans vivant avec lui. Voiture étrangère d'occasion, appartement en banlieue, cadre moyen, achète et revend des fruits et légumes aux grandes chaînes.

Il voulait voir "une fille déterminée qui sait ce qu'elle veut". Sûr de soi mais pas impertinent, pas vulgaire. Féminine, économe, gentille, pour qui la famille serait au-dessus de tout. Qui en tout cas voudrait se développer et même dans un autre pays voudrait faire quelque chose (en termes de travail).

Si les photos et les profils montrent que le couple s'apprécie, Roxolana organise généralement une réunion Skype, à laquelle elle assiste en tant que traductrice. Comme j'étais déjà à Milan, il a été décidé de se rencontrer en personne.

J'étais en retard à l'heure prévue, j'ai été réprimandé par Roxolana, et pour une raison quelconque, j'étais si nerveuse, comme si je voulais vraiment me marier tout de suite.

Giuseppe était chauve, petit (comme beaucoup d'Italiens), plutôt en forme pour son âge, impétueux et émotif à la manière du Sud. Il était habillé décemment, mais sa chemise n'était pas bien repassée et il y avait des poils collés à son pantalon, ce qui signifiait qu'il ne prenait pas bien soin de lui. Giuseppe a suggéré que nous allions dans un café pour prendre une tasse de thé.

Il a commandé du thé et nous a dit qu'il avait été marié à une Ukrainienne, mais que les choses n'avaient pas fonctionné et qu'il cherchait maintenant une nouvelle compagne. Quand on nous a apporté une bouilloire avec de l'eau chaude, des tasses et des sachets de thé, j'ai automatiquement jeté les sachets dans la bouilloire et rempli les tasses. Giuseppe disait que c'était ces petites choses qui nous rendaient différents : aucune femme italienne ne ferait cela - tout le monde se préparait le thé séparément, ou l'homme renversait l'eau bouillante.

Giuseppe ne savait pas que pour moi notre rencontre n'était qu'une expérience journalistique, et il l'a prise au sérieux. Après une heure de conversation en présence de Roxolana, nous avons compris que nous ne nous détestions pas, que nous avions des sujets communs et que nous pouvions continuer notre conversation sans elle. Roxolana nous a souhaité bonne chance et est partie.

En théorie, Giuseppe aurait déjà dû payer 700 euros, mais cette rencontre était exceptionnellement gratuite pour lui. Il pense que c'est parce que Roxolana veut vraiment l'aider à trouver une bonne épouse.


Bouillons et entreprises


L'un des clients de Roxolana était à l'hôpital lorsque sa future épouse ukrainienne est venue lui rendre visite. Ils ont appris à se connaître, ont passé du temps ensemble, se sont pris d'affection l'un pour l'autre, et lorsque la jeune fille a dû partir, l'homme est tombé malade et est tombé dans le coma.

La jeune fille a été laissée seule dans un pays étranger, sans argent ni billet, la période d'hôtel payée étant terminée. La seule solution était d'aller à l'hôpital pour voir son âme sœur. Elle y a passé les cinq jours pendant lesquels il était inconscient : elle a dormi sur le canapé, mangé la nourriture de l'hôpital. Quand l'homme s'est réveillé, il l'a vue là. La fille l'a soigné et a cuisiné des bouillons jusqu'à ce qu'il se rétablisse. L'Italien a ensuite déclaré à Roxolana que personne ne s'était jamais autant soucié de lui et qu'il ne pensait même pas pouvoir rencontrer une telle personne qui semble être "sa" femme.

- Et que pouvait-elle faire, la pauvre, sinon s'occuper de lui ? Bien sûr qu'elle l'a fait, elle n'avait pas d'autre endroit où aller ! - s'exclame Roksolana. Selon elle, maintenant qu'il y a une guerre en Ukraine, ces filles sont prêtes à rester dans la beauté et le confort européens avec n'importe qui. Elles tombent vraiment amoureuses, disent-elles : de l'Italie, de la vie sans pauvreté - et des hommes qui deviennent les garants de cette vie.

Roksolana elle-même a rencontré son bien-aimé avant même la guerre. Elle était aisée et autosuffisante, travaillant dans une entreprise qui construisait des stations-service en Ukraine.

Ils ont rencontré Cristiano en Ukraine (elle était traductrice pour sa rencontre avec une autre fille - elle a aidé un ami qui possédait une agence similaire à Kiev), puis se sont retrouvés en Italie (quand il a réalisé qu'il l'aimait moins que Roxolana). Elle a été conquise par son ton professionnel : il lui a dit honnêtement qu'il attendait le divorce de sa première femme, qu'il avait un appartement et une voiture, mais qu'il y avait des changements au travail et qu'il risquait de se retrouver sans revenus ; si elle était prête à traverser cette épreuve avec lui, il serait heureux. Roxolana a fait une pause et est rentrée chez elle pour se décider.

- Au début, il y a eu une semaine de morve et d'inquiétude, puis j'ai pensé : j'ai un tas de copines qui ont 30-40 ans, elles ont tout - un appartement à Kiev, un travail, tout. Mais ils vont chez les amoureux, et en vacances toujours seuls : "Rox, bien, tu viens ?" Il n'y a pas d'enfants et personne avec qui en avoir, parce que tout le monde s'est marié.

Roxolana et Cristiano sont ensemble depuis quatre ans, ils ont un enfant d'un an, mais elle appelle toujours son mari sweety - "chéri". Cristiano a quand même perdu son emploi, mais il en a trouvé un nouveau et ses affaires vont très bien.

Lorsque les amis de son mari ont contacté Roxolana pour lui demander de trouver une jolie fille ukrainienne, elle a compris qu'elle pouvait en faire une affaire et a ouvert une agence. Son mari l'aide à remplir les formalités administratives et s'occupe de l'aspect technique, tandis qu'elle "fait office de Cupidon".


Le côté sombre de la prostitution


Roxlolana rejette la crainte courante chez les jeunes Ukrainiennes que les proxénètes travaillent sous couvert d'agences matrimoniales étrangères : pour le secteur de la prostitution, ce serait un moyen trop difficile et coûteux d'attirer des ressources humaines. Selon elle, c'est dans le secteur des rencontres que les hommes courent le plus de risques : la jeune femme trouvée par l'agence peut s'avérer être une fille qui ne cherche pas à avoir une relation, mais qui gagne une part de chaque transaction.


Il existe également des escrocs indépendants qui utilisent une agence matrimoniale pour s'installer en Italie. Selon les lois locales, après quatre ans de mariage, une étrangère peut demander la citoyenneté, et si elle a eu un enfant d'un Italien - alors après trois ans. Les chasseuses de documents s'attendent, immédiatement après l'obtention d'un passeport, à obtenir un divorce et à recevoir une pension alimentaire - pour les enfants, voire pour elles-mêmes. Mais les avocats mettent en garde contre le risque que le tribunal italien n'assigne pas les épouses d'un montant significatif de pension alimentaire.

En réalité, Roksolana affirme que les tricheurs peuvent tout dire à la fois - si une fille pose des questions sur son travail, son salaire, son appartement, compte ses dépenses et demande de ne pas oublier qu'elle doit envoyer 150 euros à sa mère chaque mois, elle dit tout.

Fin heureuse


Au cours de sa première année, l'agence de Roxolana a réalisé 42 transactions. Dans la moitié des cas, les couples ont décidé de construire une relation sérieuse. L'agence dispose désormais d'une base de données de prétendants provenant non seulement d'Italie, mais aussi d'autres pays européens et des États-Unis. Roxolana dit que maintenant, la plupart des clients et des filles viennent déjà par recommandation, donc elle a confiance dans les deux.

Giuseppe et moi sommes allés au parc et de là dans un café pour un apéritif traditionnel milanais. Là, il m'a joyeusement présenté à ses amis, m'a apporté à manger et à boire, m'a soigné et s'est occupé de moi. Je buvais des cocktails sans alcool, lui de la vodka. Après quelques verres, il a commencé à dire qu'il avait besoin d'une femme forte qui n'avait pas peur de lui et que si un homme levait la main sur une femme, c'était uniquement par peur de la perdre. Quand il a tiré mes seins avec force pour m'embrasser, j'ai compris que l'expérience était terminée.

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